Premier directeur artistique de l’ensemble musical fraichement créé, Frédéric Durrenberger suggéra le port du costume de fête traditionnel comme tenue de représentation scénique officiel. Alors inédite en Alsace, cette initiative inspira des personnalités comme Gustave Stosskopf (1869-1944) et Louis-Philippe Kamm (1882-1959), instigateurs de la Fédération pour la conservation du costume alsacien.
En 1928, une première fête musicale d’envergure inter-villageoise rassembla à Engwiller dix groupes de musique des bourgades environnantes, tandis qu’une délégation de quelques couples du village étaient envoyée à Paris y représenter l’Alsace.
Après les premières représentations et les premiers succès entre concert et théâtre, les années 30 marquèrent un tournant historique avec l’entrée en scène du chef musicien Georges Jung « S’Roddeckels » (1904-1987), enfant du pays pur cru, et du folkloriste niederbronnois Emile Mandel (1873-1968).
Georges Jung et Emile Mandel collaborèrent ensemble dès 1926/1928, créant de nombreux morceaux d’inspiration populaire. Jusqu’aux années 70, la conjugaison de leurs génies artistiques façonna de manière indélébile le répertoire chorégraphique et musical d’Engwiller. Puisant dans un large catalogue de mélodies françaises, alsaciennes et allemandes, Georges Jung marqua la formation de son empreinte par son travail de composition et d’arrangement, tandis que revient à son ami Emile Mandel la paternité d’un grand nombre de pièces et de chorégraphies actuelles.
La plus fameuse d’entre elles: l’Arnedanz, ou « Ronde des Moissonneurs », clôture d’ailleurs toujours régulièrement les représentations données par la troupe. Dans les rencontres régionales auxquelles l’ensemble d’Engwiller participa naguère avec fierté, en Normandie ou en vieille France, à Nancy, Paris ou Grenoble, la « Ronde des Moissonneurs » s’est toujours imposée par sa prestance ; dans les festivals internationaux des décennies passées, en Allemagne, Autriche, Hollande ou Suisse, elle est demeurée la brillante figure de proue du folklore alsacien… Et c’est avec émerveillement et nostalgie que les anciens se remémorent aujourd’hui encore ces galas de prestige.
En 1955, Georges Klein (1912-2004), instituteur, directeur de l’école communale et initiateur de la Maison des Jeunes (1954), s’associa à Georges Jung et Émile Mandel pour organiser « Messti ano 18.. », une grande fête folklorique reconstituant une fête du village à l’apogée de la paysannerie, qui attira des milliers de spectateurs. Ce somptueux spectacle en plein air eut une renommée considérable et fut reconduit à de nombreuses reprises.
En 1964, sous la présidence de Georges Riehl, fut créée l’école de musique d’Engwiller dont la direction fut confiée à Henri Moschenrosch. Six ans plus tard, en 1970, Henri Moschenrosch prit également en charge la direction musicale de l’orchestre d’Engwiller. Dans son sillage, et chacun à sa mesure, d’autres acteurs enrichirent le patrimoine folklorique de l’Association de leur talent et de leur savoir-faire: Michel Vogler père, Georges et Laure Klein, institutrice elle aussi comme son époux, le chef d’orchestre et arrangeur Jean-Pierre Barthel, la chorégraphe Annette Schaettel, les musiciens de l’orchestre d’harmonie Michel Jung, l’ancien président Alfred Geib, Michèle Loewenguth, le directeur musical Eddy Jung et bien d’autres encore…
En 2001, Pierre Hoppé, jeune et talentueux chef d’orchestre né en 1980, succéda à Eddy Jung au poste de directeur musical, puis de directeur artistique. Sa rencontre avec l’actuelle chorégraphe Margot Vogler fit germer le développement de manifestations inédites, telles que le festival triennal de musique et de danse « Les folie’s d’Engwiller » (2002, 2005, 2008). Sous la houlette du duo Hoppé/Vogler, vit également le jour un spectacle folklorique trilingue, « Le rêve de la petite Marie » – Em Mejele siner Traum, pour lequel Détlef Kieffer, professeur de cymbalum, de musique de chambre et de direction d’orchestre d’harmonie au Conservatoire National de Région de Strasbourg, poète et essayiste, composa deux interludes musicaux remarqués.
En 2009, Pierre Hoppé s’envola vers d’autres horizons musicaux et professionnels et passa le flambeau à Gregory Schaeffer, jeune chef de musique prometteur. Dynamique et volontaire, ce diplômé de l’Ecole de management de Grenoble au succès modeste, insuffle brillamment à une formation renouvelée et rajeunie l’ambition tranquille d’explorer de nouvelles tonalités.
Et si une forte inspiration des airs traditionnels de Bohême-Moravie imprègne désormais le répertoire harmonique, les trois récentes éditions du concert de Noël ont démontré, par leurs accents résolument jazzy, que la formation est capable d’interpréter, avec la même maîtrise technique, un spectre musical très large dans une très grande variété de styles.
Les présidents de l’AMDFE de sa création à nos jours :
Michel JUNG « S’Frecker Hanse » (1922-1924)
Georges BASTIAN « S’Weile » (1924-1933)
Michel VOGLER senior « S’Krichmansjöckels » (1933-1959)
Michel VOGLER père « S’Kieffers » (1959-1973)
Georges RIEHL (1973-1996)
Alfred GEIB (1996-2009)
Michel VOGLER fils « S’Kieffers » (depuis 2009).
Les chefs d’orchestre et directeurs musicaux de l’AMDFE :
Frédéric DURRENBERGER (1923-1924)
Eugène WACKERMANN (1924-1930)
Georges JUNG (1930-1970)
Henri MOSCHENROSCH (1970-1977)
Michèle LOEWENGUTH (1976-1983)
Jean-Pierre BARTHEL (1984-1996)
Michel JUNG « S’Schmittmichels » (1992-1996)
Eddy JUNG (1997-1998)
Noëlle JUNG (2001-2009, direction du petit orchestre)
Pierre HOPPE (2001-2009, direction grand orchestre)
Thomas HOLZINGER (2009)
Gregory SCHAEFFER (depuis 2009).
Les visages féminins des directeurs artistiques de l’AMDFE :
Annette SCHAETTEL (1992-1998)
Margot VOGLER (depuis 1998).